UN PEU D’HISTOIRE

Le ramoneur savoyard ou l’image d’Epinal

Le ramonage a fait son apparition voilà plus de quatre cents ans avec le développement du conduit de fumée.

C’est le baron Haussmann qui a décidé que le ramonage des conduits de fumée dans la capitale devait se faire au moyen de hérissons et par le haut, mettant ainsi un terme à la pratique consistant à faire descendre dans les conduits de jeunes enfants, les petits savoyards…

Au XIXe siècle, la tradition des petits ramoneurs savoyards amenait certains enfants de Savoie à partir sur les routes de France pour aller ramoner les cheminées dans les villes, afin de fuir la pauvreté des familles nombreuses. Le petit ramoneur est devenu l’emblème joyeux et coquin des Pays de Savoie.

Ramoneur savoyard

On le retrouve sous de multiples formes sur notre territoire (poupées, porte clé,etc..) et trône en souverain sur tous les lieux touristiques.
Mais son histoire et sa condition relèvent du mythe.

En réalité, le ramonage était mal payé. Dès 6 ans, les enfants sillonnaient à pied les routes de France, avec le maître ramoneur qui les avait enrôlés.

Ils ramonaient avec un hérisson, mais ils pouvaient aussi grimper à l’intérieur du conduit de cheminée pour le racler. Malheureusement, il arrivait que les petits ramoneurs meurent de froid ou la tête fracassée lors d’une chute. Fréquemment, ils contractaient des maladies respiratoires et devenaient allergiques ou aveugles à cause de la suie.

Le maître ramoneur imposait 14 heures de travail par jour toute la semaine. S’ils voulaient aller à la messe le dimanche, ils devaient en acheter ce droit à leur patron. Les maîtres ramoneurs étaient, la plupart du temps, d’anciens ramoneurs trop grands pour grimper dans les cheminées et se trouvaient responsables d’une équipe de 3 à 6 enfants, appelés « Farias ».

Ramoneur de savoie

De plus, les ramoneurs qui s’expatriaient pour la France représentaient un millième de la population. Le maximum de ramoneurs travaillant sur le sol français étaient de 1200 vers 1860 (juste après l’annexion).

Aussi, faire du ramoneur savoyard une légende relève plus d’un acte de communication visant à montrer les pays de Savoie comme une contrée misérable que la France accueillait avec grandeur et générosité.

Ramoneur savoyard
Les lois françaises de 1874 et de 1892, relatives à l’emploi des enfants, découragèrent les maîtres ramoneurs à employer tous ces pauvres enfants en bas âge et les obligèrent à changer leurs méthodes de travail.

Le ramoneur porte bohneur

Au XIIe siècle, on commença à construire des foyers dans les habitations. Pour éviter les incendies de maisons, il fallait nettoyer le conduit des cheminées. Le métier de ramoneur était né. Le mot ramoneur vient des rameaux fagotés en balai qu’ils utilisaient. Les ramoneurs sont réputés comme  porte-bonheur car ils permettent d’éviter les incendies et sont donc par extension les protecteurs du foyer.
Ramoneur porte bonheur

De pays en pays, d’autres histoires circulent dans les conduits.

En Angleterre par exemple où un ramoneur aurait sauvé, en 1066, la vie du roi Guillaume ou Georges II ou III (selon les versions) dont le cheval s’était emballé.
Puis il aurait disparu dans la foule avant que le roi puisse le remercier. Le monarque déclara que les ramoneurs portent bonheur. Il les autorisa à porter le chapeau haut-de-forme normalement réservé aux artistocrates et il invita un ramoneur aux noces de sa fille.
Depuis, par superstition comme par tradition, des promis invitent un ramoneur à leur mariage.

En Allemagne, il faut effleurer la veste d’un ramoneur, puis se maquiller le visage d’un peu de suie: ça permet d’accéder au bonheur!